Forêts, espaces naturels : face aux feux, la France est particulièrement vulnérable. Contre les feux de végétation, des actions de prévention sont menées pour prévenir le risque d’incendie.

La France est le quatrième pays européen le plus boisé avec 16,9 millions d’hectares de forêt sur son territoire métropolitain. L’importance de ses surfaces boisées la rend vulnérable au risque incendie de forêt, notamment en période estivale.

L’activité humaine est la principale cause de déclenchement d’incendies – 90% des départs de feu – que ce soit du fait d’une activité économique (chantiers de BTP, activités agricoles…) ou bien d’une activité du quotidien (mégots de cigarettes, barbecues ou feux de camps). La majorité de ces feux d’origine anthropique sont dus à des imprudences et à des comportements dangereux, aussi bien de touristes que de riverains.

Des températures toujours plus élevées

L’augmentation du risque d’incendie de forêt en France est notamment lié au changement climatique. En effet, il modifie les conditions météorologiques ; la végétation devient plus sèche. Des températures plus élevées favorisent la transpiration des plantes et la diminution de l’eau contenue dans les sols. La végétation s’asséchant, le risque de départ de feu est plus fort. L’absence de pluie, mêlée à une hausse précoce des températures, accroît la vulnérabilité des espaces naturels. La période à risque devient plus longue et plus intense.

ÉVOLUTION DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE ANNUELLE MONDIALE DE 1850 À 2019

Selon l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), dès 2040 les dérèglements climatiques perturberaient les conditions météorologiques puisqu’une sécheresse extrême conjuguée à une canicule intense pourrait avoir lieu durablement et régulièrement durant les étés dans les territoires méditerranéens. Et dès 2060, les conditions climatiques deviendraient défavorables à certaines espèces de ces régions.

Le risque d’incendie s’accroît progressivement, touchant désormais presque tout le territoire français. En 2022, des événements notables ont été enregistrés dans 90 départements. La superficie brûlée en France a considérablement augmenté cette année-là, passant de 14 800 hectares en 2021 à 72 000 hectares en 2022.

En 2022, la majorité des zones touchées par les incendies ne se trouvaient pas dans la région méditerranéenne, où de tels événements sont fréquents. Il est intéressant de souligner que la Bretagne, notamment les départements du Finistère et du Morbihan, a dû faire face aux plus graves feux jamais enregistrés dans cette région.

Les actions de l’État pour lutter contre les feux de foret

Pour faire face à la propagation croissante des « mégafeux » dans les zones forestières et de végétation, la France à adopté la loi du 10 juillet 2023. Elle vise à renforcer la prévention et la lutte contre le risque d’incendie et envisage la création d’une stratégie de défense des forêts et des zones non boisées d’ici Juillet 2024.

https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-feux-foret

En plus de sensibiliser les citoyens à travers des spots TV et des campagnes de communication mettant l’accent sur les gestes du quotidien qui peuvent causer des départs de feux imprudents. On pense alors aux barbecues, le stockage de bois, la cigarette, les travaux en extérieur… L’État Français même une politique de prévention active sur les 32 départements les plus exposés.

On y retrouve :

Les obligations legales de débrouissaillement

Le débroussaillement, c’est réduire la masse de végétaux sur un terrain en créant une discontinuité dans la végétation entre: 

  • la végétation basse (herbes et broussailles) et la végétation hautes (arbustes et arbres)
  • les végétaux d’une même taille
  • les végétaux et les bâtiments

La création de ces discontinuités diminue les risques d’incendie, freine la propagation du feu et son intensité.

Le Plan Prévention des Risques Incendie de Foret (PPRIF)

Codifié dans les articles L.562-1 à L.562-9 et R.562-1 à R562-12 du code de l’environnement, il cible prioritairement les territoires exposés à des niveaux de risque importants et à une pression foncière forte. Ils répondent aux objectifs de non aggravation de l’exposition et de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens en :

  • délimitant des zones d’exposition aux risques à l’intérieur desquelles des constructions ou des aménagements sont interdits, tout en permettant sur d’autres zones un développement raisonné et sécurisé, là où l’intensité de l’aléa le permet,
  • définissant des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde ainsi que des mesures relatives à l’aménagement, à l’utilisation ou à l’exploitation de constructions, d’ouvrages ou d’espaces cultivés ou plantés existant à la date d’approbation du plan.

À ce jour, le nombre de PPRIF approuvés approche les 200 : 46 % en région PACA, 22 % en région Occitanie, 18 % en région Nouvelle-Aquitaine, 9 % en Corse et 5 % ailleurs sur le territoire.

Carte d'analyse de "la sensibilité du territoire européen de la France au danger prévisible de feux de forêt et de végétation"

Sur la base de cette carte, un arrêté interministériel établira la liste des communes exposées à un danger élevé ou très élevé de feux. Cette liste sera rendue publique. Si le territoire d’une commune fait partie de cette liste mais n’est pas couvert par un plan de prévention des risques d’incendies de forêt (PPRIf), le préfet pourra délimiter une partie du territoire de la commune, dite “zone de danger”, qui est exposée à un danger élevé ou très élevé de feux, avec pour conséquences un certain nombre d’interdictions ou de limitations en matière de construction.

L’impact sur nos industries

En France métropolitaine, 1291 sites industriels sont classés Seveso, dont 691 sites Seveso « seuil haut » qui présentent le niveau de dangerosité le plus élevé. 316 sites Seveso se trouvent dans une zone suffisamment boisée pour être exposés à un risque incendie, soit 25.3% du total.

L’indice Forêt Météo (IFM), est un indicateur permettant d’évaluer le risque d’incendie en fonction de différents critères. On y retrouve la température, les précipitations, l’humidité de l’air et le vent, lui-même passé au crible des projections climatiques du Giec. Ainsi, dans un scénario d’émissions modéré (scenario RCP4.5 du GIEC), ce sont 75% des installations Seveso qui seront exposées à un risque d’incendie élevé plus de 10 jours par an en moyenne en 2050. On dénombre également 62 installations qui seront exposées à ce risque plus de 30 jours par an.

Nombre d’installations exposées au moins 10, 30 et 60 jours par an à un risque d’incendie élevé en 2000 et en 2050 dans un scénario d’émissions médian. Crédit : Callendar.

Afin de limiter le risque d’accident industriel, l’aggravation des feux de forêt, ou leur apparition autour de sites jusque-là épargnés, différentes mesures doivent être anticipées par les exploitants. On y retrouve la mise en place d’actions de prévention, l’adaptation des plans d’urgences et le dimensionnement des moyens de secours. La collaboration avec les services de secours et les différents services de l’État sont a privilégier.

La lutte contre l’incendie et la défendabilité

La lutte contre les incendies est pilotée par la Direction en charge de la gestion de crises et de la sécurité civile, au sein du Ministère de l’Intérieur, qui mobilise d’importants moyens.

La défendabilité est une notion particulière au risque incendie de forêt. Elle prend en compte les possibilités d’intervention des services de secours dont le rôle est prépondérant dans la gestion de crise. Elle correspond à la capacité d’une zone à être défendue. Elle s’apprécie au regard des trois critères suivants :

  • Les accès : la capacité qu’ils offrent aux services de secours d’accéder en sécurité jusqu’au contact des constructions à défendre. L’accessibilité dépend de l’architecture, du gabarit et de la signalisation des voies de desserte, mais aussi de leur environnement végétal ;
  • Les hydrants ou les réserves de défense incendie : ils déterminent la possibilité pour les secours de se réapprovisionner en eau. Ce réapprovisionnement doit pouvoir se faire dans les meilleurs délais et en sécurité.
  • Le débroussaillement effectué sur les coupures de combustibles situées de part et d’autre des voies d’accès de la zone : il conditionne l’intensité du front de feu menaçant ces voies d’accès puis les constructions.

L’ampleur exceptionnelle des feux de forêts en 2022 a relancé les débats sur la sauvegarde des forêts en France. Face notamment aux incendies et aux canicules, la forêt est confrontée à différents types de problèmes. Véritable écosystème, elle tient pourtant une place centrale dans la sauvegarde de l’environnement.

Cet article touche à sa fin et nous espérons qu’il aura contribué à vous sensibiliser sur le risque d’incendie en milieu naturel. Nous vous encourageons à le partager auprès de vos proches pour les sensibiliser à leur tour.

N’hésitez pas à commenter ou nous contacter pour toute question.

Atossa est un bureau d’études incendie spécialisé dans le milieu industriel.


Source:
Calendar Climate Intelligence: étude juillet 2022 feux de foret

https://www.ecologie.gouv.fr/prevention-des-feux-foret

https://www.vie-publique.fr/loi/288912-incendies-feux-de-forets-prevention-et-lutte-loi-du-10-juillet-2023

https://www.vie-publique.fr/en-bref/290041-sites-industriels-et-agricoles-bilan-2022-des-installations-classees#:~:text=En%20France%2C%201%20291%20sites,bilan%20de%20l’ann%C3%A9e%202022.

Adobe Stock #588698266

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat/1-observations-du-changement-climatique